Posiciones laicistas en torno a la bioética. Balnce y perspectivas. Barcelona 2011
Barcelone
Vendredi 30 septembre 2011 – Samedi 1 octobre 2011
Campus Universitat de Barcelona
Facultat de Dret de la Universitat de Barcelona
Avda. Diagonal, 684
08034-BARCELONASous l’égide de l’Observatori de Bioetica i Dret, et de la Faculté de Droit, Universitad de Barcelona (Prof. Maria Casado et Albert Royes)
A l’initiative de :
Espagne : Fondation Francisco Ferrer Guardia (Barcelona)
France : La Libre Pensée (Fédération Nationale de la Libre Pensée- Paris),
Belgique : Centre d’Action Laïque, Fédération des Amis de la morale laïque (Bruxelles)BIOETHIQUE
INTRODUCTION.
Par Charles SUSANNE
Université libre de BruxellesLes sciences naturelles ont souvent été liées à de "dangereux" messages pour la perception de la personne humaine et aussi pour l’ordre social. La Terre n’est plus le centre de l’univers, l’Europe n’est plus le centre du Monde, un ordre cosmologique et religieux ne dirige plus le monde et la société, les principes de l’évolution paléontologique humaine ne sont pas différents de ceux de l’évolution animale, l’ADN utilise le même code génétique dans l’ensemble du règne vivant et nous avons 99,5% de similitude génétique avec les chimpanzés. La conscience s’avère couvrir des réalités polymorphes, comme la mémoire, la perception, l’attention, les émotions, …, et même la pensée humaine est décortiquée par de nombreuses recherches.
LA VIE EST BIOLOGIQUE.
La biologie est le centre de controverses, l’évolution biologique est ressentie comme un danger pour les croyances religieuses, la biologie dérange également ceux qui au niveau politique ne désirent pas voir la recherche biologique occidentale démystifier la vie (humaine) et ceux qui continuent à regarder la vie comme sacralisée.
Celui qui veut bien analyser l’histoire de la biologie sera frappé par le hiatus entre les progrès scientifiques en biologie et le débat philosophique qui entoure ces progrès, ainsi que l’état des connaissances dans ce domaine. Les débats (les affrontements ?) évolutionnisme – créationnisme, progrès – hasard, matérialisme – spiritualisme, et même les débats relatifs au respect de la dimension humaine sont à peine actualisés au vu des connaissances modernes.
La vie est biologique, chimique et aujourd’hui avec la nanotechnologie même physique. La vie est réduite aux mécanismes vitaux d’une cellule, au contrôle du code génétique de l’ADN, à la régulation de la synthèse des protéines, … Une meilleure connaissance de ces mécanismes contribue à mieux comprendre les fonctions vitales.
LA VIE HUMAINE
La biologie a donc mené à une meilleure description de la vie humaine. Les mécanismes vitaux sont réduits aux mécanismes vitaux d’une cellule, au contrôle du code génétique, à la régulation de la synthèse des protéines : la biologie est devenue chimique et physique. Consciemment ou inconsciemment les discussions bioéthiques trouvent leur origine dans cette démystification de la vie humaine.
Mais, définir la vie humaine ou celle d’une personne humaine implique de ne pas être limité aux seuls critères biologiques, excepté peut-être si l’on considère que l’humanité de la personne est apportée par des causes métaphysiques. Au contraire, nous considérons que chez l’être humain, il nous faut distinguer la vie biologique de la vie humaine consciente et/ou de la reconnaissance sociale de cette vie.
Autrement dit : ou bien la définition sera métaphysique, ou bien la vie sera conçue comme un continuum biologique.
Certains vont proposer un "droit à la vie", il s’agit d’un droit absolu et métaphysique, lié étroitement à la philosophie que la vie serait un don de dieu. La conception, la fusion de l’ovule et du spermatozoïde, sont considérés comme le début de la vie humaine. Cette fertilisation est éventuellement même considérée comme sacrée. Ce dogme a naturellement des "conséquences biologiques", comme celui de considérer que l’ovule fécondé est déjà une personne, que la fécondation in vitro doit être interdite, que l’avortement est immoral ainsi d’ailleurs que la contraception.
Le biologiste ne peut que faire les constatations suivantes :
1) les caractéristiques chimiques et physiques de la vie humaine ne sont en rien différentes des caractéristiques de la vie en général, et de celles de la vie animale en particulier,
2) l’ovule, aussi l’ovule fécondé, ne possède aucune caractéristique vitale exceptionnelle,
3) les premiers stades du développement embryonnaire ne sont aucunement différentiés
4) le développement anatomique peut être décrit et suivi aisément, la maturation est plus difficile à définir.En fait, la vie constitue un continuum, et toute base scientifique, par laquelle le début de la vie (humaine) serait défini, est absente. La définition de la vie humaine est donc totalement arbitraire.
Il est donc normal, lorsque l’on n’est pas lié aux dogmes philosophiques précités, de définir la vie humaine en fonction non de critères biologiques mais de critères sociaux, et donc en fonction de la volonté de donner la vie.
Problèmes bioéthiques actuels
Dans le débat bioéthique, le problème de la définition de la vie et de la mort reste essentiel, de l’avortement à l’euthanasie, à la fertilisation in vitro, à la mère porteuse, aux animaux transgéniques, à l’avis prénatal, au diagnostic anténatal, et demain peut-être à la thérapie génique.
Il semble logique pour l’homme, dans sa lutte contre les forces naturelles, d’utiliser ses capacités reproductrices d’une manière non animale, une reproduction planifiée et intentionnelle doit être naturelle à des êtres rationnels. Ne pas admettre ce principe consiste à considérer des prémisses théologiques, telle que l’idée que l’acte sexuel ne désirant pas être procréatif est un refus d’un principe divin. L’admettre, au contraire, est faire de l’homme et de son avenir individuel ou collectif, la seule mesure que doive prendre en compte le législateur lors de l’élaboration des normes juridiques, lorsqu’elles s’appliquent aux comportements humains ou à la répartition des crédits destinés à la recherche scientifique.
L’utilisation de technologies pour réaliser une parenté désirée correspond à un but de l’Humanité pour la rendre plus fraternelle à des personnes moralement responsables, alors que sur base d’arguments théologiques ou idéologiques, ces technologies sont parfois indûment dénoncées comme immorales. L’augmentation de nos connaissances biologiques et technologiques facilitera sans aucun doute nos possibilités de programmation d’une parenté libre et responsable ainsi d’ailleurs que la conscience que nous en avons. La liberté de pensée, en ce domaine plus que dans d’autres, implique une liberté de choix philosophique, elle implique également qu’un groupe religieux n’impose pas, directement ou indirectement, sa loi. La sexualité engendre des préjugés proposés comme vérités, alors que les comportements sexuels intimes sont propres aux individus et que leur morale est variable autant dans l’espace que dans le temps.
Nous devons donc conclure de manière non spécifique. La multitude de prises de position morales implique le respect et la tolérance de ce pluralisme, elle nous reporte aux principes d’égalité, de liberté et de fraternité.
Encore faut-il qu’il y ait volonté politique d’empêcher la manipulation des esprits et l’occultation des problèmes. Cette volonté n’est pas toujours présente car la discussion de la définition du statut de l’embryon est inévitablement liée à celle de la mort avec toutes ses implications philosophiques. C’est le cas notamment pour les discussions relatives à l’interruption volontaire de grossesse, de la fertilisation in vitro, des embryons surnuméraires, du diagnostic pré-implantatoire, du conseil génétique et demain de la thérapie génique, ainsi que de l’euthanasie.
Une reproduction planifiée et consciente ou l’utilisation des moyens de reproduction "artificiels" sont parfois rejetés au nom d’arguments religieux ou théologiques alors qu’ils apparaissent naturels à des êtres rationnels. Les mêmes argumentations jugent immorales des techniques permettant d’arriver à la planification de l’enfant désiré. Il nous semble qu’en opposition à ces prises de position théologiques un très large consensus séculier existe pour considérer comme morale et responsable la programmation de la reproduction. Les progrès biologiques récents, et les techniques qui se développeront encore sans nul doute, ne font qu’accentuer cette aspiration à une reproduction volontaire et désirée.
Les progrès scientifiques, sociétaux et moraux sont liés : même si un rapport direct entre ces progrès ne peut être établi, l’humanité a déjà constaté qu’il existait entre ces progrès une réelle solidarité. On prive de libertés beaucoup plus par obscurantisme que par excès de savoir scientifique.