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L`école sans le voile

Il y a trois ans, la loi interdisant le port du foulard islamique à l´école était votée. Bilan

Tous les matins, Asmaa, élève de terminale S, retire son voile devant les grilles de son lycée, à Saint-Quentin, dans l’Aisne. " Comme ça, tout d’un coup, dans la rue, il faut que je "me déshabille", dit-elle. Psychologiquement, c’est très difficile. " En trois ans, l’adolescente a bien pensé jeter l’éponge. Mais elle vit sa situation comme un défi : " On a voulu me jeter dehors, je dois réussir et montrer que le voile n’est pas un signe de faiblesse. "

A quelques semaines du bac, la jeune fille compte les jours. " Cette histoire a pourri mon adolescence ", affirme-t-elle. Son statut de bonne élève ne l’a pas protégée " des rumeurs et des insultes " : " On a laissé entendre que mon père me payait pour que je le mette, que j’étais battue. " Elle a appris à vivre avec l’idée que " pour beaucoup, une fille voilée est forcément soumise et arriérée ". Il lui a fallu aussi accepter de n’être jamais crue lorsqu’elle parle de choix personnel.

Asmaa avait 13 ans lorsque la loi interdisant le port du voile islamique à l’école a été votée. Pour les jeunes filles les plus attachées au voile, comme elle, ce texte a marqué un tournant. Injustice pour les unes, succès pour les autres : près de trois ans après son entrée en vigueur, à la rentrée qui a suivi, la loi du 15 mars 2004 a chamboulé la vie de certaines jeunes filles, mais apaisé la vie dans les collèges et les lycées.

" Si le but de ce texte était de supprimer le voile à l’école, alors c’est effectivement un succès ; mais s’il s’agissait de défendre la laïcité, c’est plus discutable ", commente Nora Rami, l’une des responsables du Comité 15 mars et libertés, mis en place pour aider les jeunes filles exclues, avec le soutien de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF).

Sans illusions sur une hypothétique abrogation de la loi, l’UOIF devrait revenir sur le sujet au cours de son congrès annuel des 13, 14 et 15 avril. " Si l’on avait vraiment voulu "éduquer" les musulmans à la laïcité, poursuit la jeune femme, il fallait le faire dans l’institution, pas en les excluant. Environ 250 filles ont été exclues et 10 % d’entre elles ont été déscolarisées. Celles, minoritaires, qui portaient le voile sous la contrainte sont chez elles ou dans leur pays d’origine. "

Fatma, 19 ans, inscrite en terminale ES au CNED, s’était préparée à enlever le voile durant l’été 2004. " Franchement j’étais prête, même si c’est plus facile à dire qu’à faire. J’ai cru qu’on aurait une phase d’adaptation, mais non, il fallait l’enlever direct. Cette attitude et le fait de me soumettre à une loi que je trouvais injuste m’ont finalement convaincue de le garder. " Elle l’assume donc, tout comme son léger maquillage qui fait rigoler ses copines plus orthodoxes. Elle a renoncé au BTS de commerce international qu’elle visait (formation en lycée) et, " face à toutes ces portes qui se ferment ", envisage de partir à l’étranger, " peut-être en Tunisie ".

Pour les responsables de collèges et de lycées, la loi constitue en revanche un indéniable succès. Fortement marqué par les tensions de l’année scolaire 2003, l’encadrement savoure " le calme ", " l’apaisement " qui règnent désormais sur le front du " foulard islamique ". " Depuis trois ans, nous n’avons rencontré aucun problème, aucune tentative de jusqu’au-boutisme ", témoigne Serge Blanchard, principal du collège Charles-Walsh de Thann, dans le Haut-Rhin, confronté à un " cas dur " à la rentrée 2004. " On a eu une retombée spectaculaire de tous les contentieux ", affirme aussi Joseph Siméoni, professeur d’histoire-géographie et représentant départemental de la FSU dans le Haut-Rhin. Pour Jean-Louis Tétrel, proviseur du lycée Jean-Renoir à Bondy, en Seine-Saint-Denis, et partisan d’un " dialogue ferme " avec ses élèves, " la loi a empêché le pire : l’entrée des intégrismes et des contre-intégrismes dans l’école ".

Aïcha T., elle, a pensé partir en Belgique. Mais elle a renoncé à quitter la France et sa famille. A 19 ans, elle prépare son bac S grâce au Centre national d’enseignement à distance (CNED) et bénéficie de cours de soutien par le biais d’associations musulmanes strasbourgeoises. Elle persiste à penser que cela valait la peine, même si ses projets ont été " chamboulés ". Elle voulait être infirmière : " Impossible avec le voile. " " Là, on vient de me proposer une formation d’assistante dentaire en alternance. Le patron est musulman. " Elle regrette aussi ses ami (e) s du lycée : " Moi, je ne traînais qu’avec des garçons. Maintenant, quand on se voit, on n’a plus les mêmes délires. J’aurais préféré rester avec tout le monde. "

Mêmes regrets chez Sarra, 17 ans, inscrite en terminale ES par correspondance. " Cette situation nous oblige à nous retrouver entre nous – musulmans – , et à travailler seuls ; c’est difficile. " La jeune fille s’est mise au footing, le seul sport praticable avec un voile. " Je comprends que le voile soit considéré comme un signe ostentatoire, dit-elle, mais est-ce que je forçais qui que ce soit à entrer dans ma religion ? "

Joseph Siméoni, le représentant de la FSU, n’a pas en mémoire de cas d’élèves se félicitant ouvertement de l’adoption de cette loi. " La loi a apaisé les établissements, mais n’a pas généré un recul du port du voile à l’extérieur ", note le professeur d’histoire-géographie. Selon lui, en Alsace, l’une des régions où le nombre de cas conflictuels fut le plus élevé, le nombre d’élèves arrivant voilées devant les établissements ne semble pas avoir diminué. Pour Nadia, une étudiante de 20 ans, se mettre en conformité avec la loi a été un " calvaire ".

A la rentrée 2004, comme la plupart des lycéennes voilées, elle passe un " contrat " avec le proviseur de son lycée. " J’avais le droit de porter un fichu et une écharpe dans les couloirs, mais je devais les retirer en entrant en classe. Je serrais mes cheveux en chignon mais, malgré tout, je ne supportais pas d’être tête nue et que l’on voie mon cou ; ça me rendait malade. "

Trois ans plus tard, elle se souvient des remarques de certains de ses professeurs ou de ses camarades. " Certains me disaient "tu ne veux pas être normale et l’enlever ce foulard ?" Mais c’est quoi la normalité ? Les filles qui montrent leur corps ? Le voile préserve la femme de la débauche dans un monde marqué par la prostitution, il est ancré en moi, il protège une part secrète de moi. Vous forcer à l’enlever c’est comme vous demander de venir en soutien-gorge à l’école. "

Inscrite à l’université faute d’avoir pu suivre une formation scientifique dans une école spécialisée qui refusait le voile, Nadia préfère ne pas penser à l’avenir. Elle espère juste que " l’image des musulmans va s’arranger " et compte pour cela sur les convertis. " Ce n’est pas qu’on veuille conquérir la France, explique-t-elle sans ciller, mais quand le fils d’un président de la République sera converti à l’islam, les Français comprendront que les musulmans ne sont pas tous des Arabes. " Le ministre de l’éducation, Gilles de Robien, tire, lui, " un bilan globalement positif " de la loi, " mise en oeuvre sans difficulté ". Le ministère fait valoir qu’au cours de l’année scolaire 2003-2004, environ 1 500 élèves manifestaient ostensiblement une appartenance religieuse.

A la rentrée 2004, seuls 639 cas ont été recensés, dont " 550 ont trouvé une solution par le dialogue ". A la rentrée suivante, un seul cas d’exclusion a été signalé. Et en septembre 2006, l’administration n’a été confrontée qu’aux cas de " quatre lycéens sikhs qui se sont présentés avec un turban ".

" La loi a donné des arguments aux parents pour résister aux pressions des groupes intégristes, insiste Serge Blanchard, le principal du collège Charles-Walsh de Thann. Certaines élèves disaient aux enseignants "tenez bon sur cette loi, sinon on sera obligées de mettre le voile". "

Pour Aïcha B., porter le foulard a toujours relevé d’un choix personnel. La jeune fille, âgée aujourd’hui de 23 ans, a été exclue de son établissement en 2004 après un conseil de discipline, alors qu’elle était inscrite en brevet technique de stylisme. Après avoir arrêté ses études pour conserver son voile, elle garde des enfants de gendarmes. Voile blanc et manteau noir sévères, Aïcha a bien des " regrets ", mais si elle l’avait enlevé elle serait devenue " dépressive ou anorexique ". " Pour moi, le voile, c’est un engagement envers Dieu. Mes cheveux, mon corps, je les garde pour mon mari. " Son petit copain ne l’a toujours pas vue dévoilée. " Je ne vois toujours pas quel mal j’ai commis ", dit-elle.

Elève de 1re ES au lycée musulman de Lille, Fatima, 16 ans, n’a plus ce genre de soucis. Lorsqu’elle a pu s’inscrire au lycée Averroès, ouvert en 2003, la jeune Lilloise s’est sentie " soulagée ". " Seule chez moi, j’avais des lacunes, je n’étais pas aidée. Ici, les profs me considèrent comme une élève, pas comme une fille voilée, et respectent la dimension religieuse. "

Parallèlement aux programmes de l’éducation nationale, le lycée propose des cours de religion et a libéré le vendredi après-midi pour la prière. " Je sais que c’était kamikaze de vouloir garder mon foulard, mais pour moi c’est un signe de soumission à Dieu. " Elle n’a pas encore renoncé à son projet de devenir secrétaire médicale. " Tout le monde me dit que j’aurai du mal avec mon foulard, mais il faut persévérer. Même si je l’enlevais, je serais toujours discriminée, en tant que femme et en tant que Maghrébine. Autant le garder ! "

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